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Ziarul Lumina Opinii Repere și idei FR: Théologie académique et spiritualité ecclésiale

FR: Théologie académique et spiritualité ecclésiale

Data: 26 Iulie 2009

▲ Plaidoyer pour leur unité ▲

▲Discours de Sa Béatitude Daniel, le Patriarche de l’Eglise Orthodoxe Roumaine, soutenu à l'occasion de la parution de son livre «La joie de la fidélité» aux Editions du Cerf, Paris, le 9 juin 2009▲

On ne pense pas toujours associer la théologie et la spiritualité. La distinction, voire la séparation des deux, semble admise en Europe occidentale au moins depuis l’époque médiévale. Pourtant, les Pères de l’Eglise, non seulement ne les dissociaient pas, mais les unissaient profondément, parfois même sans les distinguer. Dans l’Eglise orthodoxe, on a maintenu jusqu’à nos jours, notamment dans la théologie néo-patristique, l’enseignement suivant lequel l’interprétation du dogme ecclésial, non seulement est liée à la vie spirituelle, mais la suppose même de façon organique. C’est pourquoi il faut toujours souligner cette interaction d’une réflexion théologique nourrie par la spiritualité et d’une spiritualité qui est en fait l’expérience du dogme de la foi.

La vraie théologie ecclésiale qui transcende la théologie académique n’est donc pas conduite par une méthode de connaissance qui prendrait Dieu pour objet, afin d’élaborer une science de Dieu. Elle est une connaissance, au-delà des concepts que nous pouvons élaborer du Divin, connaissance qui nous vient de Lui-même, parce qu’Il veut, dans sa miséricorde, Lui l’Inconnaissable, se donner à connaître.

Cela veut dire que la théologie, même si elle utilise au mieux toutes les investigations et les recherches opérées par la raison humaine dans le domaine historique, philologique ou philosophique, pour ne citer que ces disciplines, dépend en première et en dernière instance de l’illumination du Saint Esprit, envoyé par Jésus de la part du Père à ceux qui reconnaissent déjà, et confessent le Christ par le même Esprit, comme étant le Fils unique engendré du Père, vrai Dieu et vrai homme.

La dimension spirituelle de la théologie ecclésiale explique l’importance donnée à la prière et à l’ascèse dans l’activité théologique. Le charisme théologique, un des dons énumérés par l’apôtre Paul sous le nom de « prophétie » (I.), appartient à toute la profondeur de la vie ecclésiale vivifiée et illuminée, depuis la Sainte Pentecôte, par l’Esprit « issu du Père » (II.). C’est l’Esprit, le « Souffle de la Révélation » (III.), qui nous ouvre la connaissance du Verbe du Père ; c’est Lui qui nous permet d’approfondir constamment les perspectives de cette initiation et d’en montrer toutes les conséquences pour l’époque à laquelle nous appartenons. C’est l’Esprit qui se communique comme Esprit du Christ (IV.), qui nous donne l’intelligence et la pensée du Christ (V). La prière lue avant la proclamation du Saint Evangile, dans la Divine Liturgie du Saint Jean Chrysostome, demande toujours cette inspiration : « Fais luire dans nos cœurs la lumière incorruptible de la connaissance de ta divinité, ô Seigneur, Ami des hommes, et ouvre les yeux de notre pensée pour que nous recevions l’intelligence de ton message évangélique. Inspire-nous également la crainte de tes saints commandements, afin que nous menions une vie selon l’Esprit, ayant foulé aux pieds tout désir charnel, ne pensant et n’agissant qu’à la seule fin de te plaire ». Cette prière fait de l’illumination par la grace divine le principe de la connaissance théologique ; d’autre part, elle affirme une anthropologie selon le « cœur », centre de la connaissance, auquel est associée l’intelligence. Dans le même office ecclésial, la prière prononcée avant le chant du Trois-fois-Saint, dit au Seigneur : « Toi qui accordes sagesse et perspicacité à celui qui les demande et ne méprises pas le pécheur, ayant établi la conversion de la pensée comme voie de salut… reçois également de nos lèvres pécheresses l’hymne trois fois sainte et visite-nous dans ta bonté ».

Les penseurs « néo-patristiques » orthodoxes de notre époque ont conservé cette conscience de la nature véritable de la théologie et de son lien rigoureux avec la vie de l’Esprit. C’est pourquoi la prière et le jeûne, l’ascèse ecclésiale ouvrent à l’expérience de la théologie « mystique » ou « sacramentelle » en tant que science du salut aussi pour les hommes de notre temps. Celui qui prie est vrai théologien, dit Evagre, car celui qui prie pour le monde et son salut peut recevoir de Dieu la révélation des voies de son salut, c’est-à-dire l’union de l’homme avec Dieu.

Dieu, le Trois-fois-Saint, n’est pas objet de connaissance ; Il est le sujet de toute connaissance de lui-même et de ses desseins providentiels pour l’être humain. Le dogme ecclésial de la foi n’est pas tout simplement le fruit de l’élaboration de concepts humains : il est la révélation que Dieu fait de Lui-même et de son amour miséricordieux pour sa création, qu’Il veut conduire au salut, c’est-à-dire à l’infinie, éternelle et joyeuse connaissance de Dieu par l’homme. C’est pourquoi, plus le théologien sera fortifié, par la prière et par la charité, plus il aura, pour son temps, une parole répondant avec acuité aux aspirations de ses contemporains, manifestant ainsi l’amour de Dieu pour tous les humains. Un tel exemple est celui de l’apôtre Paul, grand théologien mystique et prophétique : élevé aux cimes de la connaissance de Dieu (VI.), lui qui s’est montré fraternellement et paternellement attentif aux détails de la vie des communautés chrétiennes auxquelles il s’adresse. Ainsi la théologie mystique devient source de lumière pour l’action pastorale et la mission de l’Eglise.

Le père Dumitru Stàniloae, après avoir fait l’expérience d’une théologie académique de type rationaliste, a découvert, par la lecture de l’œuvre de Saint Grégoire Palamas, cette théologie mystique profonde. Il écrivait, en préface à sa Théologie Dogmatique Orthodoxe : « nous nous sommes efforcés de déchiffrer la signification spirituelle des enseignements dogmatiques ; à mettre en évidence leur vérité en correspondance avec les besoins profonds de l’’me qui cherche le salut et s’avance sur cette voie, en communion aussi étroite que possible avec le prochain, afin d’atteindre à une expérience profonde de Dieu, comme suprême communion et comme source des énergies pour la communion » (VII.).

Cette double préoccupation – fidélité à l’enseignement ecclésial apostolique et patristique, mais aussi attention à l’époque contemporaine – est la base solide d’une théologie ecclésiale. Une théologie qui n’est pas suffisamment attentive à traduire le message de la foi dans le langage de l’homme contemporain et à la mesure de ses besoins spirituels devient presque inassimilable. Le danger serait ainsi de rester, sur le plan pastoral, au niveau de stéréotypes, ou bien de proposer des voies de spiritualité privées de dogme de la foi et de théologie ecclésiale. Or, la spiritualité chrétienne profonde, la mystique chrétienne comme expérience de l’Esprit issu du Père et communiqué par le Fils Jésus-Christ, se vit dans l’expérience du dogme ecclésial. Le dogme exprime la Vérité qui est simultanément la Vie à connaître et la Voie à suivre (VIII.). Un phénomène de « désecclésialisation » de la pensée théologique pourrait tourner au sectarisme ou à l’apathie spirituelle. Du point de vue orthodoxe, il n’existe pas de chemins spirituels parallèles ; chaque chrétien vit la spiritualité ecclésiale de tous, spiritualité qui est l’expression vivante de la communion ecclésiale fondée sur les dogmes de la foi. Une spiritualité privé de contenu dogmatique devient un élément aliénant dans la vie de l’Eglise ; de même, une théologie privée de spiritualité ecclésiale demeure un discours fermé sur lui-même et intraduisible dans la vie, ou bien assimilable seulement sur le plan intellectuel, une connaissance idéale, qui ne produit pas une conversion existentielle.

En même temps, il est évident que l’élaboration théologique est conditionnée également par les facteurs culturels spécifiques, appartenant au contexte dans lequel il lui faut exprimer la vérité universelle. La spiritualité vivante d’une Eglise locale peut influencer sa théologie ; l’inverse est vrai : la théologie d’une Eglise locale peut donner un profile propre ou spécifique à la vie pastorale, missionnaire et spirituelle de l’Eglise respective, cette réalité demeurant toutefois dans la communion de l’Eglise orthodoxe universelle. Par ailleurs, quand le contexte socio-culturel, dans lequel se forment la théologie et la spiritualité orthodoxes traditionnelles, change – comme c’est le cas, par exemple, en Occident – le problème du rapport de la théologie et de la spiritualité se pose de façon nouvelle, car il faut éviter à la fois l’isolement par rapport à ce contexte, et la dissolution de l’identité orthodoxe dans un contexte nouveau.

Du point de vue du dialogue œcuménique, la problématique du lien entre la théologie et la spiritualité est également d’une grande importance, tant pour ce qui est du rapprochement des Eglises, que pour ce qui est de leur unité en vue d’une réponse commune aux problèmes de l’homme contemporain.

Au niveau de la vie pastorale, pour les fidèles qui n’ont pas étudié la théologie, la spiritualité vécue dans la complexité de ses manifestations concrètes (par exemple la piété populaire) a, souvent, un grand poids, parce qu’elle constitue la réalité immédiate de leur expérience. Le culte d’une Eglise est l’icône immédiate de son identité.

Sans doute, une des causes de la crise spirituelle d’aujourd’hui a été la séparation de la théologie académique et de la spiritualité mystique. En Occident, les mouvements appelés charismatiques témoignent eux-mêmes de la recherche de cette dimension spirituelle. Le dialogue dans ce domaine est d’autant plus utile que bien des problèmes et des t’ches qui incombent aux chrétiens pour le service de l’Evangile dans le monde sont identiques ou semblables. Mais pour réaliser un dialogue fructueux sur le plan théologique comme sur le plan de la spiritualité, il est nécessaire d’approfondir la connaissance réciproque et les sources de la foi commune. Une intelligence profonde des causes qui ont conduit à la différence ou à la distinction, jusqu’à opposer et séparer les chrétiens, doit dépasser la simple constatation des divergences, qui s’est déjà avérée insuffisante pour réaliser un dialogue mûr et responsable. Il est nécessaire que nous ressentions que souvent la maladie ou les blessures d’autrui deviennent également notre propre souffrance. Cela commence par l’approfondissement de sa propre expérience spirituelle : les chrétiens orthodoxes doivent commencer par eux-mêmes, en redécouvrant et en approfondissant leur propre patrimoine liturgique et philocalique face à un monde sécularisé.

Mais la redécouverte du lien de la théologie et de la spiritualité va de pair avec la redécouverte du lien de la vie spirituelle et de l’éthique sociale de l’Eglise, de la mystique et de la mission, en vue d’apporter un témoignage crédible et constant.

Note:

I. 1 Co 14, 1 et 39.

II. Jn 15, 26.

III. Jn 16, 13.

IV. Cf. Gal 4, 6.

V. 1 Co 2, 16.

VI. Cf. 2 Co 12, 1-5.

VII. Teologia Dogmaticà Ortodoxà, vol. I, ed. cit., p. 5.

VIII. Cf. Jn 14, 6.