Un sultan luminat și reformist, Abdul-Medjid, a reușit să pună la loc în 1852 steaua de argint furată din Biserica Nașterii Domnului din Betleem, pe care scria așa: „Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus es
FR: L’Eglise - espace de guérison et de sanctification
▲ Allocution de Sa Béatitude Daniel, le Patriarche de l’Eglise Orthodoxe Roumaine, à la consécration de l’église du Centre Métropolitain de Limours, le 11 juillet 2009 ▲
L’office de consécration d’une nouvelle église s’achève par cette bénédiction: „Que le Christ, notre Dieu, par les prières… des saints, glorieux et victorieux martyrs, dont les reliques sont parsemées sur toute la terre, pour donner des fruits de guérison.... ait pitié de nous et nous sauve, lui qui est infiniment bon et ami des hommes”. L’Eglise nous enseigne que, par leur sacrifice, les martyrs ont vaincu le péché, l’égoïsme et la méchanceté et ont choisi la communion avec Celui qui est „la Résurrection et la Vie” (Cf. Jn 11, 25), le Médecin de nos ‘mes et de nos corps, en tant qu’unique voie de guérison. C’est pourquoi la gr’ce du Saint Esprit, opérante dans les saints, glorieux et victorieux martyrs, est parsemée sur toute la terre et surtout là où une nouvelle église vient d’être édifiée, afin que par la force de leur amour plus fort que la mort ils nourrissent l’’me de tout chrétien en quête de guérison, de réconfort ou de salut. Ainsi, Tertullien (†230) était persuadé que „le sang des martyrs est la semence des chrétiens”, dans le sens que c’est sur le sacrifice et la foi en Christ des martyrs qu’est b’tie l’Eglise du Christ Seigneur, et „les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle” (Mt 16, 18). L’Eglise du Christ est Eglise glorieuse, sainte et irréprochable (Cf. Ep 5, 25-27), purifiée et sanctifiée par le sacrifice unique de notre Sauveur Jésus Christ. Et le Christ - l’Un Saint (Unus Sanctus), est le Chef de l’Eglise - Una Sancta. Sa sainteté se communique incessamment à l’Eglise pour qu’elle soit en permanence le Corps mystique et saint du Christ. La sainteté de l’Eglise est, ainsi, sainteté reçue du Christ - l’Un de la Sainte Trinité, par la gr’ce que le Christ accorda à elle. Mais, tout comme Unus Sanctus-Jésus Christ prendra chair de la Vierge Marie par la descente du Saint Esprit sur une personne humaine, en présence du Père, de même l’Eglise du Christ – Una Sancta se constitua à la Pentecôte par la descente du Saint Esprit envoyé par le Père et le Fils sur plusieurs personnes humaines – les Apôtres, sous forme de langues de feu (Cf. Ac 2), et les Apôtres baptisent ceux qui croient en Jésus Christ, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (Cf. Mt 28, 19). Ainsi, la sainteté de la Très Sainte Trinité se communique à l’Eglise comme réunion de la gr’ce de Jésus-Christ notre Seigneur, de l’amour du Dieu - le Père et de la communion de l’Esprit Saint (Cf. 2 Co 13, 13). C’est pour cela qu’on a dit que „l’Eglise est remplie de la Sainte Trinité” (Cf. Origène, Selecta in Psalmos, 23, 1; PG 12, 1265), et la participation à la vie de l’Eglise est communion d’amour et de vie avec la Sainte Trinité. Le lien entre la Sainte Trinité et l’Eglise-Una Sancta se réalise par l’Un Saint - le Seigneur Jésus Christ, par l’humanité qu’Il a assumée et déifiée et qui devient moyen ou pont d’unification et de déification de l’humanité et de la création en Dieu. Par Son sacrifice unique, le Christ conduit à la perfection ceux qu’Il sanctifie: „par une offrande unique, en effet, Il a mené pour toujours à l’accomplissement ceux qu’Il sanctifie” (He 10, 14). La nuit d’avant Sa Passion, Jésus prie le „Père Saint” (Jn 17, 11): „Sanctifie-les par la vérité: Ta parole est vérité. Comme Tu m’as envoyé dans le monde, Je les aussi envoie dans le monde. Et pour eux Je me sanctifie Moi-même afin qu’ils soient eux aussi sanctifié par la vérité ” (Jn 17, 17-19). Participant à la sainteté de l’Eglise qui est la sainteté du Christ communiquée aux hommes, les chrétiens peuvent devenir saints. Selon Saint Grégoire de Nysse (†395), „être chrétien, c’est imiter la nature divine” (PG 46, 244A). Et cela non dans le sens d’acquérir de l’essence divine, chose impossible à la créature, mais de la manière d’être divine des personnes en communion (Cf. l’article „Sainteté”, dans Jean-Yves Lacoste, Dictionnaire critique de théologie, PUF, 1998, p. 1060). La sanctification des hommes dans l’Eglise du Christ signifie donc leur déification par la gr’ce, leur participation à l’amour et à la vie éternelle de la Sainte Trinité. Pour Saint Irénée de Lyon (†202), „la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu” (Adv. Haer. IV, 20, 7), et selon Saint Basile le Grand (†379), l’homme est une créature „qui a reçu l’ordre de devenir dieu” (PG 36, 560A). A ce sens, Saint Paul décrit dans ses Epîtres la vocation des chrétiens à la sainteté. Aux Ephésiens, il montre que tout chrétien est appelé à vivre en communion avec la Sainte Trinité afin de devenir „temple du Père”: „c’est gr’ce à Lui (le Christ) que les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons l’accès auprès du Père. Ainsi (...) vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu. Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondements les apôtres et les prophètes et Jésus Christ Lui-même comme pierre maîtresse. C’est en Lui que toute construction s’ajuste et s’élève pour former un temple saint dans le Seigneur. C’est en Lui que vous aussi vous êtes ensemble intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit” (Ep 2, 18-22; voir aussi 4,1-7). Et aux Thessaloniciens il dit clairement que: „la volonté de Dieu, c’est votre sanctification... Dieu ne nous a pas appelés pour que nous demeurions dans l’impureté, mais Il nous a appelés à la sainteté” (I Th 4, 3-7). C’est pourquoi l’appel premier et ultime, permanent et essentiel de l’Eglise est l’appel à la sainteté, à la communion d’amour et de vie des hommes avec le Christ et entre eux: „Car le Sanctificateur et les sanctifiés ont tous une même origine; aussi ne rougit-Il pas de les appeler frères et de dire: J’annoncerai Ton nom à Mes frères, au milieu de Ton Eglise, Je Te louerai” (He 2, 11-12). Puisque l’Eglise est nation sainte, race élue, peuple que Dieu s’est acquis, elle a comme mission primordiale de proclamer au monde les hauts faits de Celui qui nous a appelés des ténèbres à Sa merveilleuse lumière (Cf. I P 2, 9). La création tout entière, l’univers ou le cosmos se sanctifie par l’Eglise. C’est pourquoi Saint Irénée de Lyon recommande: „Il faut nous réfugier auprès de l’Eglise, nous allaiter à son sein, et nous nourrir des Ecritures du Seigneur. Car l’Eglise a été plantée dans le monde comme un paradis” (Irénée, Adv. Haer., V, 20, 2; SC 153, p. 258). L’Esprit Saint-le Sanctificateur transforme la création en Eglise, l’univers tout entier participant, par l’Eglise, au pèlerinage de l’humanité „de la mort à la vie et de la terre au ciel” (Canon de P’ques). L’Eglise intègre donc toute la diversité de la beauté du monde dans la vocation de l’homme à la déification. Ainsi, l’église même, en tant que lieu de culte, exprime la vocation du monde de devenir église, comme nous enseigne Saint Maxime le Confesseur (†662): „L’Eglise est l’image parfaite du monde sensible. Elle a pour ciel le divin sanctuaire, et pour terre la nef dans toute sa beauté. En retour, le monde est une église: pour sanctuaire il a le ciel et pour nef, la terre magnifique” (Saint Maxime le Confesseur, Mystagogie, 3, PG 91, 669; cité par Olivier Clément, dans Sources, DDB, 2007, p. 147.) Pénétrant dans l’église, le fidèle contemple le mystère du cosmos tout entier, son sens ultime: la communion avec Dieu le Créateur. Aujourd’hui, nous consacrons ici, au Centre Métropolitain de Limours, une nouvelle ”porte du ciel”, une église en bois, construite dans le style des églises roumaines de Maramureş, en forme de nef, de navire de notre salut, avec la tour haute comme un m’t et la croix en guise de drapeau, qui nous guide spirituellement vers la beauté éternelle du Royaume des cieux, vers l’amour et la gloire de la Très Sainte Trinité. La beauté architecturale, la souplesse, la chaleur et la personnalité spéciale de cette église appellent en même temps au recueillement et à l’humilité, au progrès et à l’édification spirituelle, tout comme l’arbre pousse et s’élève à la lumière du soleil. Entre la spiritualité roumaine et le bois, il y a d’ailleurs un lien intime, fondé sur le lien du Roumain avec la nature, avec la forêt. Les anciennes églises construites en bois, notamment celles taillées dans un seul arbre, sans clous de fer, font partie du patrimoine culturel spirituel des Roumains. Elles symbolisent la chaleur spirituelle de la prière, de la communion des hommes avec Dieu et entre eux, de génération en génération. Elles symbolisent également le fait que la fragilité de la matière peut être capable elle aussi de symboliser la beauté de l’esprit. Quant aux significations spirituelles du bois en l’église, le chêne, arbre d’essence dure, avec ses dimensions impressionnantes, sa longévité et sa capacité de résister aux vicissitudes du temps, symbolise notamment la solidité de la foi, la permanence et la continuité de la vie ecclésiale d’un peuple fidèle. Avec ses racines solidement enfoncées dans la terre et sa cime élevée vers le ciel, le chêne se présentait à l’homme traditionnel comme un arbre axial qui assurait la communication de trois mondes : le monde souterrain, le monde terrestre et le monde céleste. Dans la Sainte Ecriture, le chêne, surtout le chêne solitaire, est lieu de théophanie et autel pour les sacrifices. Dieu Se montre à Abraham au chêne de Mamré (Cf. Gn 18, 1); l’ange se montre à Gédéon toujours sous un arbre (Cf. Jg 6, 11); Abraham élève sous un arbre un autel au Seigneur (Cf. Gn 13, 18). Le chêne était l’arbre sous lequel les gens avaient l’habitude de se reposer (Cf. I R 13, 14) ou d’enterrer leurs morts (Cf. Gn 25, 9; 35, 8; I Ch 10, 12). De même, dans l’Ancien Testament, le chêne était lieu de consécration des chefs des tribus d’Israël: Abimélek fut proclamé roi près du chêne qui est à Sichem (Cf. Jg 9, 6). En même temps, le chêne occupe une place importante dans la vie et la spiritualité de notre peuple. Nous avons des chênes légendaires, tel le chêne moldave de Borzeşti ou le rouvre transylvain de Horea, à Ţebea, qui nous évoquent de grandes personnalités ou des évènements historiques. Un autre élément utilisé à la construction de l’église roumaine traditionnelle en bois est le sapin. Il est le symbole de l’élévation et de la verticalité, de la permanence et de la fraîcheur, de la jeunesse et de la beauté, du céleste et de la vie éternelle. Les cèdres du Liban, si souvent évoqués dans l’Ancien Testament, servaient d’élément de comparaison pour la stature de l’homme (Cf. Ez 31, 3; Am 2,9), indiquant grandeur (Cf. Ps 91, 12) et majesté (Cf. II R 14, 9). Toutes ces significations spirituelles du bois, auxquelles s’ajoute le symbolisme liturgique orthodoxe très riche, nous déterminent à rechercher les beautés spirituelles de la vie en communion avec Dieu et avec nos semblables en tant que prémices des beautés éternelles du Royaume de la Très Sainte Trinité. Aujourd’hui, à l’occasion de la consécration de ce saint lieu, nous félicitons Son Eminence le Métropolite Joseph, de la Métropole Orthodoxe Roumaine pour l’Europe Occidentale et Méridionale, avec toute la communauté orthodoxe roumaine, active et missionnaire, animée par la piété et par des sentiments roumains, tous les fondateurs et les bienfaiteurs de ce saint lieu, de même que tout le clergé et les fidèles présents à cet évènement sacré et solennel de spiritualité chrétienne et de fête roumaine.