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Ziarul Lumina Opinii Repere și idei FR: Liberté et responsabilité dans l’Eglise

FR: Liberté et responsabilité dans l’Eglise

Data: 26 Iulie 2009

Patriarche Daniel de Roumanie

L’Eglise est « la communauté de ceux qui avancent, par la puissance de l’Esprit du Christ, vers la résurrection et vers la plénitude indicible de la communion parfaite avec le Christ et avec tous ceux qui croient en Lui» .

L’Orthodoxie est particulièrement sensible au mystère de la Trinité. Pour le chrétien orthodoxe, la Trinité est le point de départ et la destination finale de toute théologie et spiritualité, de toute anthropologie et ecclésiologie, de toute compréhension du monde et de l’existence.

L’Eglise est une icône de la Trinité ; elle vient de la Trinité, est structurée à son image, va vers elle. La communion éternelle des Personnes divines distinctes et consubstantielles constitue ainsi le fondement, la source infinie, la puissance et le modèle pour notre communion progressive éternelle avec Dieu et avec les autres.

Dans cette perspective, parler de la liberté et de la responsabilité dans l’Eglise n’est pas possible sans se rapporter au thème de la communion, car la théologie ecclésiale orthodoxe est foncièrement une théologie de communion à tous les niveaux de la vie de l’Eglise et où la liberté est perçue dans la relation concrète de l’homme à Dieu, à son prochain et à la création.

La liberté humaine est un trait fondamental de la définition de l’homme en tant qu’être créé à l’image du Dieu personnel, libre et souverain. Non pas d’un dieu solitaire, mais de la Très Sainte Trinité, « la structure de l’amour suprême » . En ce sens, la liberté a pour finalité la communion d’amour avec Dieu et avec les autres. C’est pourquoi la liberté dans sa nature la plus authentique est liberté en vue de la communion. Un tel amour est la ressemblance d’un amour infini, il est le signe de notre participation libre à Dieu, par la gr’ce (cf. Rm 8, 35).

Les Personnes de la Sainte Trinité ne sont pas libres parce qu’Elles se séparent ou s’isolent les unes des autres, mais, au contraire, parce qu’Elles sont totalement ouvertes ou transparentes les unes aux autres et parce qu’Elles peuvent se contenir réciproquement, tout en gardant chacune son identité propre.

C’est cette vérité de communion de vie et d’amour que le Christ a révélée, et c’est cette Vérité seule qui nous fait libres : « La vérité vous fera libres;... si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jn 8, 32,36) ; « c’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés... Frères, vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 1,13; 4, 26,31; l Co 7, 22; 2 Co 3, 17). La liberté de l’homme s’éclaircit donc à la lumière du mystère de l’Incarnation du Christ et de son œuvre salvatrice, car seul le Fils de Dieu devenu Homme peut libérer l’homme du péché et de la mort et peut lui donner le pouvoir de devenir fils de Dieu par la gr’ce de l’Esprit Saint.

Cette expérience de la liberté que le Christ donne à l’homme se fait en l’Esprit Saint envoyé dans le monde par le Fils incarné et par son Père céleste (cf. Jn 14, 26; 15, 26). Saint Paul précise à ce sujet : « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17).

La liberté du Christ en tant que liberté de communion est la source qui fortifie la liberté du chrétien. Dans ce sens, toute la vie chrétienne est combat pour la liberté dans la mesure où elle est effort d’accomplir le commandement de l’amour envers Dieu et envers le prochain, même au milieu des difficultés incessantes. Cette liberté de garder la communion avec le Christ en dépit des obstacles, constitue l’expérience apostolique la plus profonde en matière de liberté : « Qui nous séparera de l’amour du Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ? (...) Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8, 35 et 38,39).

I. Une ecclésiologie de liberté dans l’Esprit Saint

L’œuvre du salut, dont le fondement est la Personne divino-humaine du Christ, est communiquée, par l’Esprit Saint, dans la vie de l’Eglise, qui est précisément la communion des humains avec Dieu et entre eux-mêmes, c’est-à-dire la koinonia selon l’image de la Sainte Trinité (cf. Jn 17, 21).

Il reste cependant la question : comment les structures d’une Eglise hiérarchisée peuvent-elles offrir l’expérience de la liberté? Cette question est liée à la manière dont on comprend l’Eglise et dont on définit la liberté. Sans entrer dans la dialectique conflictuelle qui oppose institution et événement, structure et prophétisme, stabilité et dynamisme, disons seulement que si l’Eglise est comprise en termes d’autorité et de pouvoir, alors la liberté dans l’Eglise se définit par rapport à cette autorité; mais si l’Eglise est d’abord spiritualité, c’est-à-dire elle est la vie de l’Esprit Saint communiquée aux hommes, la liberté est justement cette expérience de l’Esprit Saint, car « là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17) et par conséquent il ne faut plus commencer avec la question de la liberté dans l’Eglise, mais avec l’Eglise en tant que liberté.

Plusieurs théologiens orthodoxes ont insisté sur le fait que du point de vue chrétien, la liberté ne peut être définie par rapport à une autorité externe, car une telle démarche aboutit à la conclusion « plus d’autorité, moins de liberté », et, donc, la seule liberté possible est la liberté de l’opposition, de la révolte et de la séparation.

Ce principe est cependant celui du monde déchu. « L’Eglise, écrit A. Schmemann, n’est pas une combinaison d’autorité et de liberté, d’une autorité limitée et d’une liberté limitée, une combinaison qui, si on la garde, pervertit par abus les deux côtés. L’Eglise n’est pas autorité, et c’est pourquoi il n’y a pas de liberté dans l’Eglise, mais l’Eglise elle-même est liberté, et seule l’Eglise est liberté. (…) c’est par le fait d’entrer dans le mystère de l’Eglise qu’on peut la comprendre comme mystère de liberté. L’ecclésiologie est, en effet, le point de départ d’une théologie de la liberté » . Elle l’est cependant seulement dans la mesure où elle ne néglige pas son côté pneumatologique, car l’Esprit Saint est la source, le contenu même et l’accomplissement de cette liberté qui est l’Eglise .

La vie de l’Eglise en tant que communion dans l’Esprit Saint est fondamentale pour l’expérience de la liberté, car « sans la manifestation de l’Esprit Saint, sans la communion avec Lui, Dieu devient, en effet, autorité, l’autorité de toutes les autorités, et c’est pourquoi il n’y aura pas d’autre liberté que celle de la révolte, la liberté de Kirillov (du roman "Les Frères Karamazov"). Et sans l’Esprit Saint, non seulement Dieu, mais, en fait, toute la réalité, tout ce qui existe devient aussi "autorité" : un ordre externe, objectif, contraignant, le "monde de l’objectivation" qui répugne à Berdiaev. La vérité peut devenir autorité, de même que la justice, l’ordre, l’égalité, etc. et en effet, toutes ces "valeurs" sont autorités dans ce monde déchu, y compris la liberté elle-même : un principe de choisir et de différer vide et dépourvu de sens, un "droit" qui ne conduit nulle part.

Cependant c’est la "fonction" de l’Esprit Saint d’abolir toute autorité ou plutôt de la transcender, et Il fait cela (…) en manifestant l’intériorité de tout ce qui existe, en rétablissant et en transformant « l’objet’ » en "sujet" (le ça en tu, selon l’expression de Martin Buber). Et Il fait cela non pas de l’extérieur comme "sanction" ou "garantie", ni comme "autorité", mais de « l’intérieur », parce que Lui-même est « l’intériorité » de tout ce qui existe, la vie de la vie, le don de l’Etre. (...) Il ne nous est pas "extérieur", mais Il est en nous, comme lumière, amour et vérité, comme notre communion avec tout » .

Un autre théologien orthodoxe, le patriarche Ignace IV d’Antioche souligne aussi l’importance de la présence et de l’œuvre de l’Esprit Saint dans l’Eglise : « Il (l’Esprit Saint) est la Présence de Dieu-avec-nous, "joint à notre esprit" (Rm 8,16); sans Lui, Dieu est loin, le Christ est dans le passé, 1’Evangile est une lettre morte, l’Eglise une simple organisation, l’autorité une domination, la mission, de la propagande, le culte, une évocation et l’agir chrétien une morale d’esclave. Mais, en Lui et dans une synergie indissociable, le cosmos est soulevé et gémit dans l’enfantement du Royaume, l’homme est en lutte contre "la chair", le Christ ressuscité est là, l’Evangile est une puissance de vie, l’Eglise signifie la Communion trinitaire, l’autorité est un service libérateur, la mission est une Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation, l’agir humain est déifié » .

Il ressort de cette citation que c’est l’imperméabilité à l’Esprit Saint ou le manque de communion avec Lui qui fait que l’autorité devient une domination et que les structures ecclésiales, dont la finalité est de manifester la communion d’amour, deviennent des structures qui font obstacle à une véritable liberté pour la communion. L’Eglise est elle-même liberté en tant que lieu où l’homme se libère du péché manifesté comme séparation égoïste de Dieu et du prochain, mais aussi se libère-t-il de l’angoisse de la mort, car l’Eglise est liberté en tant que préparation de l’homme pour la résurrection et la vie éternelle.

II. Liberté et responsabilité au niveau des structures ecclésiales

Le Seigneur Jésus-Christ Lui-même a mis en garde contre le danger permanent de l’infiltration de l’esprit du monde déchu dans les relations ecclésiales : « Les rois dominent sur les peuples et ceux qui ont sur eux le pouvoir sont appelés bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas ainsi pour vous; mais qui de vous est plus grand, qu’il soit comme inférieur, et que celui qui est le chef soit comme celui qui sert » (Lc 22, 25).

En tant que structures guidées par la gr’ce divine de la Sainte Trinité, les structures ecclésiales doivent donc être structures de communion et de service. En d’autre mots, les différentes structures et ministères de l’Eglise n’ont pas pour but principal d’assurer un ordre de type juridique contraignant, ni même l’unité de type purement formel, mais plutôt l’harmonie dans la prière et dans la charité et par là l’unité authentique qui est communion en tant que don de soi réciproque, reflet du don de soi réciproque qui existe entre les Personnes de la Trinité (« qu’ils soient un, comme nous sommes un » (Jn 17, 21). Et c’est dans ce don de soi réciproque dans la vie de l’Eglise que s’accomplit la liberté et que la hiérarchie des responsabilités ou les différents ministères dans la mission ecclésiale expriment leur véritable nature et finalité.

Ce don de soi réciproque dans la vie spirituelle et diaconale ou sociale de l’Eglise fait rayonner la présence sanctifiante de l’Esprit du Christ dans les membres de l’Eglise indépendamment de leur ministère ou de leur position dans l’Eglise. Cela explique pourquoi l’ordination de ceux qui sont appelés à des responsabilités très importantes dans l’Eglise orthodoxe ne se fait jamais en dehors de la Divine Liturgie eucharistique qui, par l’action de l’Esprit Saint, actualise l’amour sacrificiel du Christ pour la vie du monde, afin de communiquer, à ceux qui reçoivent l’Eucharistie, la force spirituelle de se donner eux aussi les uns aux autres à travers la prière et le service de la charité.

En effet, la Liturgie eucharistique est, en même temps, la prière suprême de l’Eglise, en tant qu’action de gr’ce, et la communion suprême où se manifeste la véritable nature de l’Eglise, c’est-à-dire liberté dans et pour la communion, justement parce qu’elle est la prière de tous, des uns pour les autres, et l’œuvre commune d’une communauté qui tout entière, dans une unité indivisible du sacerdoce sacramentel et du sacerdoce universel, se donne spirituellement totalement à Dieu et offre les dons eucharistiques comme pars pro toto de toute la création et pour toute la création, afin de recevoir par l’action de l’Esprit Saint le don total du Christ Lui-même. Lors de l’ordination, l’homme ordonné, c’est-à-dire le prêtre, est confié à la communauté et la communauté à son père spirituel ou pasteur, lequel, comme le dit une prière de l’ordination, sera responsable du Corps eucharistique et de cette communauté qui est le Corps mystique du Christ. Ainsi, la liberté sanctifiée par l’Eucharistie est la liberté d’être responsable pour le salut des autres et liberté de se mettre au service des autres.

III. Unité dans la foi et liberté dans la mission pastorale au niveau panorthodoxe

L’autocéphalie d’une Eglise locale est aussi une expression de la compréhension orthodoxe de la liberté dans la communion, c’est-à-dire la liberté des Eglises locales les unes par rapport aux autres. Une Eglise autocéphale (autos ‘ kephalè) est une Eglise qui a sa propre direction, qui se gouverne elle-même. L’Orthodoxie se compose aujourd’hui de plusieurs Eglises autocéphales soeurs, égales entre elles, unies les unes aux autres par la même foi, la même vie sacramentelle et par les mêmes structures canoniques, mais libres les unes par rapport aux autres quant à l’élection et la consécration des évêques, l’administration, la pastorale, les relations avec l’Etat et la société, etc.

Cependant, la reconnaissance de l’autocéphalie doit être la confirmation d’une liberté obtenue non pas par la rupture, mais par l’accord qui ne brise pas la communion sacramentelle eucharistique.

En quoi consiste la liberté qu’implique l’autocéphalie d’une Eglise locale? En voici quelques aspects : la liberté d’avoir son propre synode des évêques, synode qui est sa seule autorité canonique; la liberté d’élire son propre primat sans besoin d’être confirmé par une autorité ecclésiastique extérieure; la liberté d’élire ses propres évêques et de les consacrer; la liberté de convoquer des synodes ou des assemblées ecclésiastiques qui concernent les communautés de sa juridiction; la liberté de formuler et de promulguer des décrets et des règles ecclésiastiques à valabilité locale, mais en concordance avec les canons de l’Orthodoxie universelle; la liberté de créer des instances canoniques ou des tribunaux ecclésiastiques; la liberté de consacrer le Saint Chrême (Myron) utilisé pour le Sacrement de Chrismation (Confirmation); la liberté de canoniser des saints locaux; la liberté de composer de nouveaux cantiques liturgiques, etc.; la liberté d’entretenir des relations fraternelles avec d’autres Eglises autocéphales ou de dialoguer avec d’autres confessions chrétiennes, et avec les autorités civiles du pays ou de la région, etc.

Cependant l’autocéphalie ne doit pas être interprétée comme étant la liberté des Etats indépendants et souverains, car elle implique aussi la responsabilité de garder l’unité de la foi, de respecter et d’écouter les autres Eglises-soeurs et de s’intéresser à la vie et au témoignage commun de l’Orthodoxie tout entière. Les conférences panorthodoxes des dernières décennies sont un effort pour souligner justement cette responsabilité commune des Eglises autocéphales, qui parfois, pour des raisons historiques, ont eu tendance à se replier sur elles-mêmes. Le Patriarcat oecuménique de Constantinople, qui, au sein de l’Orthodoxie, occupe, depuis le schisme de 1054 survenu entre Rome et Constantinople, la place de primus inter pares, contribue à l’organisation des conférences panorthodoxes et à la préparation d’un Concile panorthodoxe. De nos jours, la question majeure qui se pose dans la diaspora orthodoxe ou plutôt dans l’Orthodoxie occidentale est justement celle-ci : comment trouver des solutions et des moyens pour que la liberté de différentes juridictions des Eglises autocéphales se mette au service d’une unité pratique plus concrète et d’une coopération fraternelle plus dynamique.

En tout cas, l’autocéphalie en tant que reconnaissance de la liberté des différentes Eglises locales qui se trouvent en communion sacramentelle ne peut être réduite à une dimension purement juridique, car la liberté a aussi une profonde signification spirituelle ecclésiale : elle exprime la liberté chrétienne dans la communion des Eglises. Il faut rappeler ici le 8e canon du IIIe Concile oecuménique (Ephèse, 431), qui défendait l’autocéphalie de l’Eglise de Chypre face aux ingérences des évêques d’Antioche dans la consécration des évêques de cette Eglise où ils n’avaient pas de juridiction. Ce canon précise que dans les relations entre les Eglises, il faut "éviter d’introduire l’orgueil de la puissance du monde sous le prétexte d’actions sacerdotales, et cela de crainte de perdre d’une manière imperceptible, peu à peu, la liberté que notre Seigneur Jésus-Christ, le Libérateur de tous les hommes, nous a donnée par son propre sang".

Dans la recherche de l’unité visible des chrétiens, il est donc important d’envisager une ecclésiologie de communion où l’exigence d’unité doit être liée à celle d’une liberté qui exprime une véritable communion fraternelle.

C’est dans ce sens que doit avancer le dialogue de l’Orthodoxie avec d’autres Eglises, afin d’exprimer une communion dans laquelle il y a de la place tant pour une primauté de service que pour une véritable collégialité synodale, une communion où s’affirment à la fois la responsabilité et la liberté des Eglises-soeurs, afin que le monde croie que nous vivons de la divine Communion trinitaire. "On peut appliquer à l’Eglise, écrit le théologien orthodoxe Alexandre Schmemann, par analogie, la théologie triadologique. De même que les trois Hypostases de la Sainte Trinité ne divisent pas la nature divine, chacune d’elles la possédant entièrement et en vivant, ainsi la nature de l’Eglise-Corps du Christ n’est pas divisée par la multiplicité des Eglises. Mais de même que les Personnes divines se "dénombrent" - selon l’expression de saint Basile le Grand - ainsi se "dénombrent" les Eglises et il y a parmi elles une hiérarchie. Dans cette hiérarchie il y a une première Eglise et un premier évêque. Cette hiérarchie ne diminue pas les Eglises, ne les subordonnant pas l’une à l’autre, elle est seulement destinée à faire vivre chaque Eglise de toutes et toutes de chacune, car c’est cette vie de toutes en chacune et de chacune en toutes qui est le mystère du Corps du Christ, de la plénitude qui emplit tout en tout" .

En guise de conclusion

La sécularisation de la société contemporaine, qui se manifeste soit comme hostilité à l’Eglise, soit comme indifférence à l’Evangile, nous oblige à redécouvrir le sens profond de la liberté et de la responsabilité chrétienne et à faire de l’Eglise un promoteur de la vraie liberté, celle qui construit la communion et travaille pour la réconciliation dans un monde marqué par les conflits et les divisions.

Etant dans ce monde, mais pas de ce monde, l’Eglise doit prier et agir pour libérer l’homme pécheur de son égoïsme, de ses peurs, de son agressivité, justement parce que la vie humaine ne peut s’accomplir que dans la solidarité et dans la charité.

i. D. Staniloaë, Prière de Jésus et expérience du Saint-Esprit, DDB, Paris, 1981, p. 118.

ii. D. Staniloaë, Théologie dogmatique orthodoxe (en roumain), vol. I, Bucarest, 1996, p. 195.

iii. Alexander Schmemann, Church, World, Mission, St. Vladimir’s Seminary Press, Crestwood, 1979, p. 184-185

iv. Cf. Ibidem, p. 187

v. Ibidem, p. 187-188

vi. La Résurrection et l’homme d’aujourd’hui, Paris, DDB, 1981, p. 36-37

vii. Voir aussi notre étude « Eglise, mystère de communion et de liberté dans un monde marqué par le péché et la finitude », dans la revue Unité Chrétienne (Lyon), n° 80, (1985), pp. 40-88.

viii. « La notion de primauté dans l’Eglise orthodoxe », dans N. Affanasieff et autres, La primauté de Pierre dans l’Eglise orthodoxe, Neuch’tel et Paris, 1960, p. 143